Paris #1 Parvis de la Bibliothèque Nationale de France : Y a quelqu’un ?

8 février 2009

Chaque fois que mes pas me ramènent sur cette immense dalle de bois battue par les vents (malgré les éléments de protection qui ont été ajoutés comme on a pu), je reste fasciné par le vide sidéral qui ressort de cet espace.
Tout le monde s’est ému d’un projet qui ouvre les livres au soleil et stocke les chercheurs à l’ombre. On a moins souligné la violence de l’espace public qui résulte de cette composition.
Se glissant dans les pas d’Hardouin Mansart, Dominique Perrault fait, à l’instar de la place Vendôme, un espace de représentation à la gloire du roi et perpétue cette tradition des places parisiennes conçues comme des monuments en soi (Sennett, 1995) où tout est fait pour écarter le peuple et pour que rien ne s’y passe.
Dans son enthousiasme, il est probablement allé chercher du côté de Gabriel l’idée de la place comme vide qui aboutit ici à la dissolution totale de l’espace.
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il a aussi imaginé des jardins en creux. Mais contrairement à son ancêtre, il ne les mis pas en périphérie mais en son milieu. Pour couronner le tout, il les a rendus inaccessibles.
Personne ne l’avait peut-être informé que la révolution était passée depuis quelques années.
Ce bâtiment n’a de moderne que l’image, tant sa conception relève de principes d’un autre âge.
Si Robert Badinter n’était pas passé par là, ce serait peut-être ici que les « spectacles » de la place de la Révolution auraient lieu aujourd’hui.

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