Lille Euralille, Koolhaas a‑t-il tout compris à l’espace public ?
La rue est morte, nous a annoncé crânement Koohlaas (Junkspace, 2010).
Certains l’ont peut-être enterrée sans avoir vérifié qu’elle bougeait encore.
Il suffit de prendre son vélo dans les rues d’Eurallile pour constater que l’accusateur pourrait être l’accusé, ou en tout cas le suspect.
Certes, ses défenseurs nous rappelleront qu’en 1989, dans une ville en crise, l’opération Euralille aura gagné au moins le pari de l’image en jouant la carte de l’exacerbation des infrastructures avec l’intrusion d’une architecture résolument contemporaine.
Réussissant à réintégrer un grand centre commercial et des bureaux en plein cœur de ville, Rem posa ses objets triomphants. Tout cela en considérant l’aménagement urbain avec le mépris de l’architecte face à des outils d’un autre âge.
Aujourd’hui, Euralille est juste infréquentable à pied et surtout à deux roues.
L’espace public est non seulement désagréable, disparate, suroccupé et sans qualité. Mais il est aussi complexe, sans continuité et il contraint chacun à un vrai parcours du combattant.
Et que dire des arrières, de ces coulisses sans âmes, sans aucun élément de programme pour faire vivre les rez-de-chaussée. Que penser de ce tête-à-tête permanent avec des bâtiments surdimensionnés sans que rien ne vienne redonner une échelle plus « habitable ».
Comment, dans ce cas, ne pas être d’accord avec Koolhass pour dire que l’art public ne sert souvent qu’à dissimuler la mort de l’espace public (« comme si deux morts faisaient une vie ») et que l’enjeu est d’abord de programmer une ville complexe et riche.
Mais avec ces formules à l’emporte-pièce, on jette le bébé avec l’eau du bain.
L’art public peut encore servir modestement à redonner le goût de se promener à pied, de faire un trajet à vélo, de se sentir un peu « en ville » dans cet espace urbain « sous respiration artificielle ».
C’est peu, mais c’est déjà cela