Sermages Sermages c’est fini
1981. Vous rappelez vous de Sermages, ce petit village de la Nièvre qui nous fit croire que la France ne bougerait pas et que, tant que Mitterrand serait là, il n’y avait pas de raison de s’inquiéter.
En 1965, il avançait à visage découvert en s’affichant en homme moderne sur fond d’usine et de pylônes électriques.
En 1981, Séguela lui conseille d’avancer masqué et de rassurer les français en se raccrochant au bon vieux mythe fondateur de la 3ème république, celle du paysan républicain (Viard…)
L’histoire de France est parsemée de telle mystification.
Comme les contemporains de Gaston Phoebus glorifiaient une forêt sauvage à un moment où celle-ci disparaissait (Mazel, 2010), Mitterrand nous accroche au mythe éculé du village français, tel Gambetta en 1871 cherchant à rassurer la France profonde inquiète du changement.
Au moment où Mitterrand nous vendait le retour à la campagne, il donnait aux communes tous les pouvoirs en matière d’ouverture des zones à l’urbanisation sans donner aux régions aucun moyen de s’y opposer.
36 000 maires soumis à toutes les pressions foncières d’agriculteurs soucieux de valoriser leurs biens s’offrirent à une myriade de petits et gros capitalistes en herbe qui comprirent l’aubaine, bien avant que les urbanistes ne se rendent compte que Sermages, c’était fini.
30 ans plus tard, cette France est maculée de pavillons « traditions », de boulangerie-drive « au four à pain » et de centres commerciaux qui, eux aussi, jouent les parangons de la protection de l’environnement (voir les campagnes Leclerc « sans vous la nature a perdu d’avance ») pour mieux nous endormir.
Cette mystification nous a empêchés d’agir à partir d’un bon diagnostic. La France rêvait de villages immobiles, elle se réveille dans un des pavillonnaires les plus médiocres du monde.