Nantes Retour sur l’île

15 juin 2010

Alors que de Bilbao à Barcelone, d’Almere à Rotterdam, les projets urbains semblent de plus en plus condamnés à finir en showroom d’une modernité épuisée dans une « architecture désinhibée » (Koolhaas, 1978), le retour sur l’île est une sorte de passage obligé pour tout urbaniste en quête de ressourcement !
Certains déplorent l’impression que les choses ne sont pas finies, qu’une sorte de déshérence y règne. C’est peut être justement ce qui donne son humanité à ce morceau de ville à côté des morceaux de bravoure vendus clefs en main.
Le choix de traiter l’espace public de manière très simple (petits pavés en béton sur sable, préservation de sols existants…) en jouant sur les traces de l’existant y est pour beaucoup. On y retrouve une sorte de palimpseste qui transcrit le passé naval de ces grands territoires.
Alexandre Chemetoff n’a pas voulu « tourner la page » comme on a tant voulu le faire ailleurs, ou bien « changer l’image » de la ville. Mais il a souhaité « poursuivre l’histoire de la ville en faisant alliance avec elle ». (Chemetoff, 2009 )
Au fil des promenades, on découvre la modestie des interventions, que le projet a le souci de se montrer « à travers ce qui s’y passe », de faire en sorte que les espaces publics ne soient pas que des lieux de représentations mais aussi « un lieu ouvert à des initiatives ». On sent combien le rapport entre le bâtiment et l’espace public a occupé l’esprit des urbanistes plus que les bâtiments eux-mêmes.
« le projet n’est pas l’accomplissement d’un programme mais le moyen d’arriver à l’inventer […] entre l’état des lieux, le projet et le programme, les rapports ne sont pas renversés mais plutôt confondus, mélangés, enrichis les uns des autres. »
Cette démarche de projet qui envisage le programme à partir du site, qui part d’un plan guide servant juste de trame de départ plutôt que d’un plan masse figé, Sébastien Marot la qualifie de sub urbanisme.
Mais il faut souligner qu’elle a été permise par une maîtrise d’ouvrage qui s’est donnée les moyens face à ces ambitions en attribuant en 1999 à l’équipe de maîtrise d’œuvre un contrat sur plus de 10 ans lui permettant d’accompagner les projets au fur et à mesure depuis leur naissance et de tisser progressivement ce tissu d’espaces publics qui créent le lien entre les choses.
La leçon n’a pas encore toujours été comprise.

> Voir à l’inverse Barcelone, n’a-t-elle pas été trop loin ?