Stuttgart Quand les modernes jouaient dans la rue

9 septembre 2020

Ce n’est pas tant la qualité des maisons domino de le Corbusier qui suscite l’étonnement, que la capacité de Mies Van der Rohe à maîtriser ces pairs pour qu’ils jouent ensemble dans la rue. 17 architectes et pas des « petites » personnalités, de JJP. Oud à le Corbusier, de P. Behrens à H. Haroun) pour un jeu de 21 semaines.
Avec très peu de contraintes (toit terrasse, couleurs claires…) mais un choix savant des terrains donnés à chacun, il les a obligés à composer avec des formes simples, pour un urbanisme riche et plein de surprises, de passages et d’imprévus.
Tous ces « garnements » qui après auront construit des cités à la chaîne ont vite oublié ce « petit » travail de groupe que leur avait proposé Mies un soir de 1927 ; Mies qui avait compris que les acquis du mouvement moderne ne devait pas tomber dans les outrances d’une glorification de la rationalisation et de la construction de masse.
La règle du jeu était simple : abandonner l’ornement inutile, essayer de nouveaux modes d’habiter, de nouvelles techniques constructives ne pas oublier le site (revoir les maquettes préparatoires), tenir en compte l’enjeu de la complexité et du rapport à la rue ; l’architecture en somme.
Quand on se promène sur les trottoirs de ce qui reste de cette cité malmenée (bombardée en 1944, caviardée par des pavillons dans les années 50), on se prend à rêver que l’on ait davantage écouté Mies que Corbu.
On aurait gardé la richesse des modernes sans tomber dans leur dogmatisme et on aurait peut-être évité le divorce entre la population et ses architectes.
Il n’y aurait pas eu ce face à face entre les grands ensembles et les nappes pavillonnaires, Sarcelles et Chevry.
Si l’on avait écouté Mies, on aurait peut-être appris à faire une ville moderne que les habitants auraient moins rejetée, qui sait…