La Londe Quand la route était un projet

9 septembre 2020

Sous un soleil de plomb dans notre voiture climatisée, nous roulions sur des voies rapides sans âmes. Mais j’étais pour ma part sans états d’âme tant on s’habitue à rouler dans ces paysages incertains en attendant d’arriver à bon port.
Une voie large, bien terrassée et confortable, des lotissements bricolés aux clôtures bigarrées, une station-service, une piste cyclable sécurisée, un rond-point choucrouté de plantes exotiques et arrosé à souhait (l’homme est plus fort que le climat, bien sûr), des haies pour vous faire oublier tout rapport au paysage traversé… En bref, la routine.
Cette routine qui vous transforme toutes les anciennes départementales qui faisaient la richesse de la France en un archétype unique, une sorte de mélange entre Beverly Hills, le Strip et Hollywood boulevard.
Toutes les traces du site initial, de sa géographie, de sa texture, de son odeur, de sa température, patiemment gommés.
Nous roulons donc dans cet univers banalisé quand subitement, un petit morceau de route accroche mon regard.
Une ampleur un peu plus confortable, un jeu sur les dénivelés existant qui permet de séparer les voies, des grands pins qui structurent le paysage sans le refermer, des noues et des talus enherbés brûlés par le soleil…
Soudain, je me rappelle que je suis sur la côte d’Azur.
Arrivé à la plage, je parle avec émotion de cette vision fugitive et Hélène, savante, me dit que je suis passé chez Antoine Prost.
Me reviennent alors en mémoire ces aquarelles merveilleuses qui émaillaient son projet d’aménagement de la route des Maures, conçu en 1922 (voir les archives d’architecture) et qui devraient être affichées dans les couloirs de tous les services des routes des conseils généraux.
Et se rappeler qu’à une époque, aux Etats Unis (voir Olmsted) comme en France, la route était un projet