Blanquefort #1 Drôle d’endroit pour une rencontre
J’errai dans le périurbain bordelais aux alentours du Taillan Medoc à la recherche d’opérations groupées évoquant à la fois une atmosphère de vieux village et de camp de travail. Soudain, descendant la départementale, une grille en fer forgé attira mon attention.
Je me garais et pénétrais dans ce que je découvris être le parc du Majolan, petit bijou de romantisme du XIX (le Breton, paysagiste) remis en mouvement récemment par une équipe de maîtrise d’œuvre très inspirée (Graziella Barzaccq, paysagiste avec Danièle Juste, artiste et Fabien Pedelaborde, architecte).
Me laissant porter le long des courbes et contre courbes, je longeais le lac, traversais une aulnaie sauvage suspendue dans les airs, flânais dans la grande prairie, admirais les fausses grottes.
Cet endroit me faisait bien plus d’effet que les Buttes Chaumont. Il montrait plus de délicatesse et de subtilités dans les enchaînements d’espaces et les motifs paysager. Il entretenait avec amusement un jeu espiègle entre le site existant et les interventions humaines, entre le parc et la campagne.
Mais cet enchantement venait surtout du fait que je ne m’attendais pas à faire cette rencontre au sein de ces territoires qui sont devenus des sortes de dépôts-ventes de produits de la construction posés dans l’espace extérieur de ce qui est devenu une surface infinie. Dans ces territoires où l’architecture en tant qu’acte de construire sur un site donné a presque disparu.
À une époque où la mode est à des aménagements qui paraissent à la recherche d’une ruralité perdue, Majolan montre qu’au contraire, on peut faire projet et redonner du sens à ces espaces profondément banalisés en affirmant la dimension hautement culturelle, cette dimension hautement art-ificielle de ce que peut être le paysage.