Barcelone Barcelone a t‑elle été trop loin ?

8 janvier 2014

En 1988, Michel Micheau avait amené toute sa couvée d’urbanistes en herbe à Barcelone.
C’était, à cette époque, le voyage obligé.
La première ville à avoir remis l’espace public au cœur des politiques publiques. La première à avoir mis en place une logique de « projet » en lieu et place d’une gestion par service. La première à avoir engagé la planification et l’opérationnel en parallèle. La première à agir de concert sur les espaces périphériques et le centre-ville.
Le style était encore un peu bavard, très marqué années 80 mais la méthode était en place.
Dans la décennie suivante, Barcelone a appris à calmer le style, à travailler dans la sobriété.
A chaque fois que j’y suis revenu, on ne pouvait que constater l’affirmation de cette qualité urbaine qui se diffusait dans toute la ville.
Certes, les ambiances felliniennes du centre avaient laissé la place à des animations plus policées et on avait de plus en plus de mal à croire que la loi qui visait à maintenir les populations sur place avait vraiment tenu ses promesses.
Mais c’est en allant vers les bords de mer, vers les lieux repris sur les zones industrielles, que je me suis demandé si Barcelone n’avait pas été trop loin.
Emportés dans leur passion de l’espace public, ils ont fini par en produire avec une telle profusion qu’un sentiment de banalisation se ressentait. Un sentiment troublant de voir que tout l’espace avait été contrôlé, aménagé, ne laissant plus de place à l’incertitude, à un autre devenir possible